Le passe-muraille by Inconnu(e)

Le passe-muraille by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles
Publié: 2012-03-13T20:32:21+00:00


LÉGENDE POLDÈVE

Il y avait dans la ville de Cstwertskst, une vieille demoiselle nommée Marichella Borboïé, qui s’était acquis justement une grande réputation de piété et de virginité. Elle entendait au moins une messe par jour, communiait deux fois par semaine, donnait largement pour le denier du culte, brodait des nappes d’autel et distribuait des aumônes aux pauvres les plus recommandables. Portant le noir en toute saison, ne parlant aux hommes que dans le cas d’extrême nécessité et toujours les yeux baissés, elle n’inspirait aucune de ces mauvaises pensées qui induisent au péché de luxure et les ignorait pour son compte. Enfin, comme pour lui permettre de s’accomplir en perfection, Dieu lui avait envoyé une grande et douloureuse épreuve où elle semblait justement, miracle d’un cœur fervent, nourrir sa piété.

Mlle Borboïé avait élevé avec les soins les plus tendres et les plus vigilants un neveu orphelin, prénommé Bobislas. Cet aimable enfant, qui promettait beaucoup et qu’elle destinait au notariat, la vieille fille, dans sa simplicité et sur la réputation des maîtres de cet établissement, l’avait confié au lycée de l’État où il n’avait pas tardé à se pervertir. Son armée de philosophie, comme il arrive trop souvent sous la direction de maîtres athées, lui fut particulièrement funeste. Il n’y apprit le mécanisme des passions humaines que pour mieux s’asservir aux siennes et utiliser celles d’autrui. Il se mit à fumer, à boire et à regarder les femmes avec des yeux tout brillants d’une vilaine concupiscence. Comme il n’avait jamais ces yeux-là en regardant la vieille demoiselle, et qu’il avait le vin assez gai pour le faire passer au compte de la bonne humeur, elle ne soupçonnait même pas que son neveu fût en train de se dévoyer. Au sortir du lycée, Bobislas entra chez un notaire de Cstwertskst pour s’y former à la pratique du métier, et ce fut au cours de son stage que sa noirceur se dévoila. Un après-midi que le notaire s’était absenté, Bobislas déroba de l’argent dans la caisse et viola la notairesse et ses deux servantes, les obligeant ensuite à l’accompagner à la cave pour s’y saouler avec lui à la vodka et à plusieurs vins. Par bonheur, les sept filles du notaire ne se trouvaient pas à la maison ce jour-là, mais le dommage n’en était pas moins appréciable. Le mari outragé et volé chassa le stagiaire et se plaignit à Mlle Borboïé.

La vieille demoiselle, le cœur broyé par la révélation d’une perversité aussi précoce, offrit sa douleur à Dieu et entreprit courageusement de remettre son neveu dans le bon chemin. Ce fut peine perdue. Ayant essayé dix métiers, et ne s’étant tenu à aucun, le misérable roula de déchéance en déchéance. Dans la ville de Cstwertskst, il n’était bruit que de sa mauvaise conduite, de ses orgies, de ses querelles, des jeunes filles et des épouses qu’il condamnait à la honte et au déshonneur, et des filles de rien avec lesquelles il s’acoquinait. Pendant cinq ans, Mlle Borboïé voulut croire qu’il s’amenderait un jour



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